C'est autour de l'alliance de la Croix et de la Couronne que s'agrégèrent patiemment en un unique Royaume des provinces riches de la diversité de leurs paysages et de leurs terroirs, riches de leurs langues, de leurs dialectes, de leurs traditions, de leurs architectures, de leurs croyances populaires, qui se trouvèrent ainsi, de nature, enracinés dans la terre qui les vit naître, mais unifiées par une même Morale Supérieure les transcendant toutes sans pour autant les effacer.

C'est la Civilisation Chrétienne qui insuffla l'esprit de Chevalerie qui fit que même sur les champs de bataille accorder la grâce et demander rançon à l'ennemi désarçonné était plus noble que l'occire, ce qui eût été souvent plus simple, plus sûr et plus rapide.

C'est elle qui vit moines et clercs, par leurs laborieuses et fastidieuses copies inlassablement répétées au sein des scriptoria sur des parchemins que viendra un jour embellir l'enluminure, enrichir et multiplier les bibliothèques et les centres d'instruction et de culture.

C'est elle qui nous légua le mot roman, qui naquit avec la calligraphie éponyme, lorsque l'écrit quitta le domaine de l'hagiographie et du Sacré pour s'étendre au profane et offrir à l'Humanité romans de chevalerie et de fin'amor qui firent de la Terre de France le berceau de la courtoisie.

C'est elle qui sut toujours reconnaître la valeur, sans qu'il y eût besoin de quotas, d'une Clotilde, d'une Christine de Pizan, d'une Jeanne d'Arc, d'une Catherine de Médicis, d'une Aliénor d'Aquitaine, car je ne vois pas qu'une société tenant la femme pour quantité négligeable eût permis à une seule d'entre elles d'obtenir à dix-sept ans non seulement une audience auprès de son roi, mais encore son écoute et son acceptation de la suivre dans une chevauchée légendaire en territoire ennemi afin qu'il fût sacré à Reims, quand pour le Royaume tout semblait perdu.

C'est elle qui modela nos paysages que nous ne saurions imaginer sans châteaux, pour certains encore fièrement dressés et drapés dans leur nostalgie de pierre, pour d'autres devenus ruines livrées à la mélancolie, mais tous témoignant de pages de notre Histoire, paysages dans lesquels nous pourrions encore moins imaginer qu'il pût y exister un seul village que ne dominerait le clocher d'une église ayant pendant des siècles rythmé de nos campagnes l'écoulement des jours et des semaines...